En vingt cinq ans j’ai beaucoup déménagé, plus de vingt fois, probablement par goût du changement. Parfois de quelques dizaines de mètres dans mon quartier préféré de Paris, entre la rue du Cherche-Midi et le Musée d’Orsay ou la rue de la Chaise. Les immeubles et les appartements ne se ressemblaient pas, et dans chacun il y avait une lumière différente. L’époque de construction, le plan, la taille, le confort même variaient…
J’ai commencé avec du mobilier XVIIIème parfaitement charmant, fragile et inconfortable, en apprenant aux enfants comment soulever un fauteuil et ne pas s’avachir brusquement dans une bergère, à ne pas surcharger une commode… Je n’ai pas demandé à mes enfants s’ils se souviennent d’avoir trainé avec moi rue Jacob chez Comoglio à rêver d’un tissu avec des palmiers brodés.
Puis les enfants ont grandi, nous avons acheté beaucoup d’India Madhavi, renvoyé à la campagne tout le mobilier ancien et appris qu’on pouvait être plus cool…
J’ai en revanche toujours conservé, d’un appartement a l’autre, deux gravures de Louis-François Cassas par l’atelier de Piranese. L’une est à Londres où nous vivons, l’autre dans notre studio à Paris. Ces gravures font partie d’une série qui avait été offerte par le frère de Napoléon à un arrière grand-père qui vivait dans le merveilleux château de Mortefontaine. Je ne sais pas pourquoi, moi qui suis peu attachée aux objets, je suis profondément attachée a ces gravures, probablement pour la part de rêve de ces dessins de mondes imaginaires, entre un palais indien ou le Bosphore ou pourquoi pas Babel ? En dessous de cette gravure, j’ai mis la table Bishop en pierre qu’India Mahdavi m’a offerte.
Mon ultimate goal: reconstituer toute la collection de ces gravures dans une maison dont je ne bougerai plus et où je recevrai mes enfants et mes futurs petits enfants…