Pierre Yovanovitch était l’invité d’honneur de la troisième édition du festival international Design Parade Toulon. Décorateur français star, adulé par les Américains, Yovanovitch s’est vu confier une double mission. Assurer d’une part, la présidence du jury du Prix Design Parade Toulon et mettre en scène sa propre exposition, dans les espaces de l’Evêché de la ville. C’est au premier étage de ce bâtiment ancien, qu’il a imaginé la maison fantasmée d’une certaine Mademoiselle Oops, en reconstituant les différentes pièces d’un intérieur aussi fascinant que mystérieux, puisque sa propriétaire semble avoir fui les lieux… Un exercice où décors impeccables et narration elliptique s’entremêlent, ce qui n’aurait pas déplu à certains maîtres du cinéma, tant l’atmosphère balance entre l’imaginaire hitchcockien et celui de Wes Anderson, avec, bien évidemment une touche de Lynch…
Ami fidèle de The Invisible Collection depuis le premier jour, ses pièces remarquables, dont la série des mythiques fauteuils Ours et les fauteuils Asymétrie, sont en vente sur notre site depuis son lancement, Pierre Yovanovitch a bien voulu prendre le temps, entre deux avions, de répondre à nos questions, et dévoiler l’univers saisissant de son exposition.
D’où vient le titre « L’érotomanie de Mademoiselle Oops » ?
Mademoiselle Oops fait référence au nom de ma première collection de mobilier “OOPS”. Je trouvais drôle de faire ce petit clin d’œil aux pièces de mobilier que je présente également dans l’exposition. Mademoiselle Oops est finalement un titre assez narratif, on se doute qu’il va se passer quelque chose…
J’ai imaginé cette exposition comme une véritable narration, une histoire à vivre de pièce en pièce, dans l’appartement de la dénommée Mademoiselle Oops. Le lieu est très grand, et le public de cet événement est assez jeune. J’ai ainsi choisi de faire dialoguer œuvre et mobilier dans la scénographie, à l’image des intérieurs que je crée. Le spectateur peut ainsi appréhender mobilier et œuvres d’art en dehors du contexte muséal.
Racontez-nous le choix de couleurs pour chaque pièce, et le choix d’œuvres d’art parsemées dans l’espace…
Le choix des couleurs se voulait en hommage à la Méditerranée et à l’architecture provençale. J’ai utilisé beaucoup de couleurs primaires (comme le jaune qui rappelle le soleil ou le rouge sang, symbole du théâtre). Les couleurs comme les pièces d’art ont toutes un sens dans la scénographie, rien n’a été laissé au hasard. J’ai, bien entendu, sélectionné des œuvres d’artistes que j’affectionne particulièrement. Tous les choix que j’ai faits dans cette exposition servent la narration.
Cet appartement, il nous dit quoi de sa propriétaire ?
Mademoiselle Oops est folle mais sympathique à la fois. Son appartement montre qu’elle a un certain goût, c’est selon moi ce qui la rend sympathique. Son intérieur n’est pas triste même si l’histoire aspire au drame.
Vous étiez le président du jury Design Parade Toulon : qu’est-ce qui vous a surpris le plus dans le travail des lauréats ?
Ce qui m’a surpris le plus, c’est la maturité incroyable des lauréats lorsqu’ils présentaient leur projet. Ils ont une assurance remarquable, qui les pousse à aller de l’avant. Ce fût une expérience formidable d’être entouré de ces jeunes talents, de pouvoir transmettre et échanger avec eux.
* l’exposition est ouverte au public jusqu’au 30 septembre
Crédits Julien Oppenheim